TOGO : COVID-19, l’appel du REJADD partiellement entendu, 1048 détenus libérés

TOGO : COVID-19, l’appel du REJADD partiellement entendu, 1048 détenus libérés 

4 AVR. 2020 PAR FRANÇOIS FABREGAT  BLOG : AFROUEST-ACTU FRANÇOIS FABREGAT

https://blogs.mediapart.fr/francois-fabregat/blog/040420/togo-covid-19-lappel-du-rejadd-partiellement-entendu-1048-detenus-liberes 
La libération immédiate de 1048 détenus du Togo fait partie des mesures figurant parmi les dispositions prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire décrété pour trois mois à compter du 1er avril 2020, annoncé par Faure Gnassingbé. Mais le cas des prisonniers politiques injustement détenus suscite des interrogations, feront-ils partie des 1048 ?

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Covid-19, Protégez-vous, restez chez-vous

Faure Gnassingbé s’est adressé à la nation dans une allocution télévisée le 1er avril, consacrée à la crise sanitaire du Coronavirus (Covid-19) et à la riposte nationale contre la pandémie. Avec une mesure phare celle d’un couvre-feu à partir du 02 avril 2020, pour une durée indéterminée. Selon Faure Gnassingbé : « Cette disposition de notre Constitution, jamais mise en œuvre dans l’histoire récente de notre Nation, est la preuve de la gravité de la situation à laquelle nous sommes confrontés ». On peut noter que si l’état d’urgence sanitaire est instauré pour trois mois le couvre-feu est instauré lui pour une durée indéterminée, sans précision de la motivation. A moins que ce soit le spectre de la contestation post-électorale des résultats de la dernière élection présidentielle, rôdant toujours de manière invisible à l’instar du Covid-19, qui ait motivé le caractère indéterminé de la mesure. Autant dire que la contestation post-électorale est rangée de facto dans le placard, bien rempli au Togo, de la contre-vérité des urnes.

Libération de 1048 détenus par décret de grâce présidentielle

Finalement l’appel lancé par le Regroupement des Jeunes Africains pour la Démocratie et le Développement (REJADD) le 30 mars a été entendu. Il faisait suite à l’appel « à la libération urgente de détenus à travers le monde pour éviter que la pandémie de covid-19 ne fasse des « ravages » dans les prisons souvent surpeuplées, lancé le 25 mars 2020 par la Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, et ex-présidente du Chili, Michelle BACHELET.

Au Togo cette mesure de libération est prise en application d’un décret de grâce présidentielle et concerne des détenus des prisons civiles de Dapaong, Mango, Kanté, Kara, Bassar, Sokodé, Atakpamé, Kpalimé, Notsé, Tsévié, Vogan, Aného et Lomé.

Et les prisonniers politiques ?

Il reste à connaître – dans la mesure ou l’information n’a pas encore été communiquée -, si parmi la liste des bénéficiaires du décret figure, entre autres, la totalité des prisonniers politiques injustement détenus de façon arbitraire dans les prisons du Togo. Car ceux-là assurément ne méritent pas de subir la double peine, celle d’une incarcération arbitraire et injustifiée et éventuellement une contagion au Covid-19 pour cause de promiscuité.

Création d’un organe interministériel : CNGR Covid-19

Parmi les mesures décidées par décret relatif à l’état d’urgence sanitaire, figure la création d’un organe interministériel de gestion de la crise sanitaire, la Coordination Nationale de Gestion de Riposte au Covid-19 au Togo (CNGR Covid-19), directement placée sous l’autorité du Chef de l’Etat, et composée de représentants d’une douzaine de ministères, des services de santé des armées, des Ordres des médecins et pharmaciens, du secteur privé, des agences nationales de protection civile et de sécurité alimentaire, ou de syndicats de transporteurs. La mission du CNGR Covid-19, est d’assurer la coordination interministérielle relative à la mise en œuvre des décisions gouvernementales, leur préparation et mise en exécution, la centralisation et l’analyse de toutes les informations en relation avec la pandémie, la conception des scénarii d’anticipation et de riposte, et la planification, la programmation et le suivi-évaluation des interventions de la riposte.

Limitations dans les transports publics

Concernant les transports un décret rend désormais obligatoire, pour les responsables de gares routières, l’installation de dispositifs de lavage des mains, ainsi que pour les chauffeurs et passagers à bord des véhicules la protection par des bavettes. Le nomme de passagers par véhicule est limité à 30 pour les véhicules de la SOTRAL (Société des transports de Lomé), 3 (plus le chauffeur) dans les taxis en ville, 05 dans les bus de 09 places, et 08 dans les bus de 15 places.

Mesures sociales : Gratuité de la tranche sociale de l’eau  

Dans les prochains jours un programme de transferts monétaires à l’endroit des personnes les plus affectées par la crise est envisagé. 

Concernant la distribution de l’eau, une note officielle, signée par le ministre en charge de l’eau, Antoine Lekpa Gbegbeni, instaure pour une durée de 03 mois, la gratuité de la tranche sociale de la facturation d’eau de la Société Togolaise des Eaux (TDE), laquelle correspond à une consommation d’eau comprise entre 0 et 10 m3. S’ajoute à cette mesure la mise à la disposition pour la population, de 5000 branchements sociaux, à un coût réduit de 25 000 FCFA, contre 75 000 FCFA.

Instauration d’un Couvre-feu

Un communiqué interministériel instaure également à compter du 2 avril, un couvre-feu de 20h GMT à 06 h, sans précision de limite dans le temps. C’est une force anti-pandémie de 5000 hommes qui est chargée de veiller de son application. Afin qu’il puisse être respecté les horaires de travail ont été ajoutés entre 09h et 16h afin de permettre à tous de respecter le couvre-feu.

Economie : création d’un Fonds National de Solidarité économique  

Faure Gnassingbé a annoncé la création d’un Fonds National et de Solidarité économique abondé de 400 milliards FCFA (609.797 millions d’euros) dont il a décrit les contributeurs en ces termes : « Ce Fonds sera alimenté par l’apport du gouvernement, les mobilisations auprès des partenaires internationaux, du secteur privé national et international et de toutes les bonnes volontés »,

Le gouvernement envisage des mesures spécifiques pour soutenir la production agricole et assurer l’autosuffisance alimentaire qui devraient être annoncées rapidement, tout comme celles en soutien à la consommation, la production, la sauvegarde de l’emploi ou la situation fiscale des entreprises.

Le vendredi 3 avril le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) réuni à Washington annonçait avoir autorisé un décaissement immédiat en faveur du Togo de 131,3 millions $, [4 fois plus important que celui initialement prévu (35 millions $)], devant permettre, selon un communiqué de l’institution, d’aider le Togo « à faire face aux implications humaines et économiques de la pandémie de COVID-19 », répondant ainsi à la demande faite par les autorités.

A l’instar des plans annoncés par les grandes nations occidentales et l’union européenne, nous assistons, au Togo comme dans l’ensemble des pays en Afrique et dans le monde, à une valse des milliards. Espérons pour le peuple togolais comme pour les peuples d’Afrique et du monde, que lorsque sera venu le moment ou les gouvernements leur présenteront l’addition très salée de la crise sanitaire, cette valse des milliards ne se transforme pas en Java des bombes atomiques, financière ! FF.

François FABREGAT

4 avril 2019

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Libération de 1.048 personnes privées de liberté au Togo pour cause des ravages du covid19. L’exécutif togolais peut mieux faire.

Monsieur Assiba JOHNSON, photo prise dans la salle du conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.

Avant toute chose, je tiens sincèrement à remercier l’exécutif togolais d’avoir procédé à la libération de 1.048 personnes privées de liberté dans nos prisons.

J’ose croire que c’est une première vague de libération et que dans quelques jours, on procédera à la libération d’une seconde vague car les profils des 1.048 personnes libérées ce 2 avril 2020 ne reflètent pas en totalité les profils des détenus recommandés par l’ONU.

Sur certains sites internet, on nous fait savoir que les personnes libérées sont celles qui ont presque purgé leur peine ( ce qui est vrai car certains responsables du PNP arrêtés en avril 2019, condamnés à 1 an de prison ferme, devraient purger la totalité de leur peine dans ce mois d’avril 2020 et remis en liberté ) ou dont les crimes d’emprisonnement ne sont pas d’une extrême gravité.

Si c’est le cas, j’invite l’exécutif togolais à faire mieux que ça en procédant dans les jours à venir à la libération des détenus dans nos prisons aux profils indiqués par les Nations unies.

La haut-commissaire aux droits de l’homme des nations unies a bien précisé le profil des prisonniers à relâcher par les gouvernements.

Face aux ravages de la pandémie du Covid 19, Madame Michelle BACHELET a exhorté les gouvernements et les autorités à travailler rapidement pour réduire le nombre de personnes en détention, en libérant par exemple « les détenus les plus âgés et ceux malades, ainsi que les délinquants présentant un risque faible ». L’ex-présidente du Chili, a par ailleurs enjoint les gouvernements à libérer toute personne détenue sans fondement juridique suffisant, y compris les personnes détenues simplement pour avoir exprimé des opinions critiques ou dissidentes ».

La haut-commissaire aux droits de l’homme n’a pas exhorté les gouvernements à libérer des personnes ayant presque purgé leur peine. L’exécutif togolais, lui même pourrait faire cette faveur aux personnes ayant presque purgé leur peine en les relaxant comme il l’a fait en fin janvier 2019 et comme il vient de le faire ce 2 avril 2020. Je les invite à mieux faire en respectant à la lettre le profil des détenus recommandé par l’ONU. ASSIBA JOHNSON